Les contrats signés entre le gouvernement congolais et les clubs européens historiques AC Milan, FC Barcelone et AS Monaco continuent de susciter de vives interrogations dans l’opinion publique, notamment sur leurs véritables motivations, leur opportunité, et leur transparence.
Pour le premier gouvernement dirigé par une femme, ces partenariats visent à changer l’image de la RDC sur la scène internationale, attirer les investisseurs étrangers et bénéficier de l’expertise en matière d’infrastructures sportives, selon les signataires.
Cependant, une grande partie de la population perçoit ces contrats comme malvenus, voire absurdes, compte tenu de la situation sociale et économique du pays. En effet, plus de 65 % des Congolais vivent sous le seuil de pauvreté, et le pays traverse une crise humanitaire et sécuritaire sans précédent.
À hauteur de plus de 30 millions d’euros répartis entre 10 millions pour le FC Barcelone, 14 millions pour l’AC Milan, et environ 5 millions pour l’AS Monaco , ces dépenses paraissent disproportionnées, surtout dans un pays qui, 65 ans après son accession à la souveraineté nationale et internationale , peine à répondre aux besoins essentiels de sa population.
Alors que la guerre perdure depuis trois décennies, avec un regain de violences ces sept dernières années, notamment dans l’Est du pays, et que des milliers de déplacés internes, enfants déscolarisés et familles en détresse vivent dans des conditions précaires, ces contrats sont perçus comme un mauvais signal.
« Dix millions pour Barcelone, alors que plus de 2.500 nouveaux magistrats attendent toujours leur alignement sur la liste de paie », s’indigne l’un d’eux, rencontré sous le soleil devant le Palais de justice à Kinshasa.
Des ONG de défense des droits humains montent également au créneau, dénonçant une décision « irrationnelle », autorisée par le chef de l’État, Félix Tshisekedi, dans un contexte où les priorités nationales semblent reléguées au second plan.
Dans la province du Kwilu, la famine fait rage, et dans la partie Est, la situation humanitaire est décrite comme alarmante, avec une population livrée à elle-même, pendant que des millions sont investis dans des slogans publicitaires comme « RDC, Cœur de l’Afrique », défendus vigoureusement par le ministre Didier Budimbu.« Ceux qui viendront visiter la RDC rouleront sur quelles routes ? », s’interroge un habitant de Kinshasa, en dénonçant l’état catastrophique des infrastructures.
Si le sport peut être un levier de développement et un outil diplomatique, nombreux sont les Congolais qui estiment que ce n’est pas le moment, et que les urgences sociales devraient primer sur les ambitions de visibilité à l’international.
La Rédaction