La triste réalité vécue par Madame Divine Kumasamba, d’abord à l’hôpital Diamant, puis au centre médical HJ où elle a rendu l’âme, témoigne non seulement de l’incompétence de l’État congolais, mais aussi de la non-application de certains principes pourtant fondamentaux.
De l’avis d’experts en médecine et de professeurs d’université, dans un pays sérieux et soucieux de la santé de sa population, le système de santé ne peut être laissé entre les mains d’intérêts étrangers. Malheureusement, en République Démocratique du Congo, on assiste depuis un certain temps à une prise en otage du secteur de la santé par des étrangers, principalement , et curieusement indo-pakistanais. La plupart des grandes formations médicales de la capitale, voire du pays tout entier, appartiennent à ces expatriés qui transforment la santé publique en un simple commerce.
Le cas de Divine Kumasamba en est une preuve accablante. Comment expliquer qu’un médecin refuse de recevoir, de consulter et de soigner une patiente en urgence avérée, sous prétexte qu’elle n’a pas encore payé ? Nous sommes ici clairement face à un cas de non-assistance de personne en danger , une infraction grave, moralement et légalement condamnable.
Ce qui est arrivé à Madame Kumasamba, à l’hôpital Diamant comme au centre médical HJ, n’est malheureusement pas un cas isolé. Chaque jour, de nombreux Congolais sont confrontés au même traitement indigne dans ces structures médicales tenues par des étrangers. Après avoir monopolisé le secteur du commerce, ces expatriés s’emparent aujourd’hui d’un domaine tout aussi sensible et vital , la santé publique , un secteur qui, ailleurs dans le monde, reste sous le contrôle strict de l’État.
Plus inquiétant encore, dans le cas tragique survenu à l’hôpital HJ, propriété du richissime homme d’affaires indien Harish Jagtani, toutes les structures de la société civile ainsi que les syndicats du secteur de la santé sont restés silencieux, comme si de rien n’était. Ce mutisme coupable renforce le sentiment d’abandon de la population.
C’est pourquoi plusieurs experts appellent à une action ferme du ministère de la Santé, qui ne peut se contenter d’une sanction timide et vague, uniquement dirigée contre HJ, alors que l’hôpital Diamant, également fautif, demeure intouché.
Il est temps que l’État congolais reprenne le contrôle de son système de santé pour le mettre au service de sa population, et non au profit d’intérêts privés étrangers.
A.M

