Kinshasa, 30 juillet 2025 Ce qui, au départ, semblait être une affaire judiciaire classique contre Constant Mutamba, ancien ministre d’Etat en charge de la justice et garde des Sceaux et leader d’opinion politique, prend désormais une tournure inattendue et potentiellement explosive. À mesure que le procès avance à la Cour de cassation, plusieurs analystes estiment qu’il pourrait éclipser, en matière de révélations et d’implications politiques, le célèbre procès des “100 jours” qui avait conduit à la condamnation de Vital Kamerhe, alors directeur de cabinet du chef de l’État.
Au cœur de ce procès , des soupçons de détournement de fonds publics liés au projet de construction d’une prison à Kisangani. Mais très vite, le dossier a pris une ampleur nationale et inquiétante. Lors de la troisième audience, le tribunal a autorisé la convocation comme témoins de plusieurs hautes figures de l’appareil d’État, dont la Première ministre Judith Suminwa, l’ancien inspecteur général des finances Jules Alingete, le ministre des Sports Didier Bidimbu, ainsi que d’autres responsables influents du secteur judiciaire, financier et technique.
Le ministère public, de son côté, a demandé la comparution de sept autres personnalités clés, parmi lesquelles des directeurs généraux, des secrétaires permanents et le gestionnaire de l’immeuble abritant la société ayant remporté le marché contesté.
Autant de noms, autant d’indices que ce procès pourrait ouvrir une véritable boîte à Pandore sur la gestion des marchés publics, les jeux d’influence au sommet de l’État, et les mécanismes de détournement institutionnalisés sous le régime en place .
Un procès test pour l’État de droit disent certains.
Alors que les Congolais gardent encore en mémoire le procès de Vital Kamerhe en 2020, considéré à l’époque comme un tournant dans la lutte contre la corruption, celui de Constant Mutamba pourrait aller encore plus loin. Non seulement par le rang des personnalités citées, mais aussi par la complexité du réseau mis en cause.
La prochaine audience est très attendue. Plusieurs voix au sein de la société civile espèrent qu’elle jettera une lumière crue sur les pratiques de gouvernance au sein des institutions de la République.
Une chose est sûre, ce procès n’est plus uniquement celui de Constant Mutamba. Il devient progressivement celui d’un système.
LA Rédaction

