En République démocratique du Congo, les chiffres ne mentent pas , des millions de déplacés internes, des provinces entières ravagées par la guerre, une insécurité chronique, une pauvreté extrême, une famine silencieuse. Dans l’Est du pays, les populations vivent depuis des décennies dans la peur, l’exil et la misère. Des enfants meurent de malnutrition, des femmes accouchent sans assistance, et des familles entières survivent sans accès à l’eau potable ni aux soins de base.
Et pourtant, au milieu de cette détresse nationale, l’État trouve les ressources pour organiser en grande pompe la commémoration du « Combat du Siècle », ce célèbre affrontement de boxe entre Mohamed Ali et George Foreman, tenu à Kinshasa en 1974, sous le régime de Mobutu. Un événement mythique, certes. Mais aujourd’hui, en 2025, dépenser des milliers, voire des millions de dollars pour célébrer un souvenir sportif, pendant que le peuple s’effondre dans l’indifférence, c’est une gifle à la dignité humaine.
Il ne s’agit pas de nier l’importance historique du combat Ali-Foreman, qui a marqué à l’époque le prestige africain sur la scène internationale. Mais quelle est la priorité aujourd’hui ? Célébrer un moment de gloire passé ou sauver des vies présentes ? Comment justifier qu’un gouvernement puisse investir massivement dans un événement de commémoration alors qu’il peine à fournir de l’aide humanitaire dans les zones sinistrées ?
Il faut le dire sans détour , quand la mémoire devient luxe et que le quotidien du peuple est une lutte pour survivre, alors il y a trahison. Trahison de la mémoire elle-même, mais surtout trahison du devoir d’un État envers son peuple.
La RDC n’a pas besoin d’un miroir du passé pour se rassurer. Elle a besoin d’un sursaut du présent pour sauver l’avenir.
La Rédaction

