L’appréciation de la monnaie locale face aux devises étrangères, observée depuis près de trois mois, ne profite en rien au pays, a conclu la Commission Écofin de l’Assemblée nationale lors de l’examen du budget 2026 estimé à plus de 20,3 milliards de dollars américains.

Alors que plusieurs experts alertaient sur les conséquences négatives de la baisse du taux de change , jugée artificielle , certains membres du gouvernement et le nouveau gouverneur de la BCC se disputaient la paternité de ce qu’ils considéraient comme une prouesse. Aujourd’hui, les chiffres sont là: ils confirment les inquiétudes.

Dans une véritable guerre des chiffres révélant un manque de collaboration, le ministère des Finances fait état d’une baisse des recettes publiques au dernier trimestre, conséquence directe de l’appréciation du franc congolais. Cette réalité s’est traduite par la non-atteinte des assignations des régies financières pour le mois de novembre, affirme le ministère des Finances.
La BCC, pour sa part, rejette ces affirmations. Elle soutient plutôt que les recettes mobilisées ont dépassé les prévisions du plan de trésorerie, avec une appréciation de 1,3 % de la monnaie nationale sur le marché. Selon elle, la réalisation a atteint 26 265,3 milliards de CDF contre une programmation de 25 658,8 milliards de CDF.
Face à cette discorde, la Commission Écofin, dans l’impossibilité de certifier l’atteinte des assignations, pourrait être amenée à réduire l’enveloppe budgétaire de 25 à 30 %, confie un membre ayant requis l’anonymat.
Revenant sur les alertes lancées dès le début de la baisse du dollar, le professeur, député national et pasteur Godé Mpoy affirme clairement que l’État aurait perdu environ 300 milliards de francs congolais rien qu’au mois d’octobre, et que le budget en examen pourrait être amputé de 2 milliards de dollars américains. Une situation attribuée, entre autres, à l’appréciation artificielle de la monnaie locale.
Pour plusieurs experts, cela démontre l’urgence d’une action coordonnée entre les membres de l’exécutif national et la Banque centrale du Congo. Ils insistent sur la nécessité d’identifier les vraies causes de la hausse ou de la baisse de la monnaie, plutôt que de tirer des conclusions précipitées.
À ce rythme, même le paiement des agents et fonctionnaires de l’État pourrait connaître de sérieuses perturbations.
A.M

